La mort de mon père
13 mai 2021, il y aura exactement 13 ans que j’aurais perdu mon père.
Triste anniversaire.
Mais, franchement, je ne suis pas si triste.
Ni pour lui. Ni pour ma famille. Ni même pour moi.
Cela commence à faire un moment, maintenant.
J’ai eu, et nous avons eu du temps, déjà, treize ans, pour faire un bout de chemin sans lui.
Et puis, très sincèrement, si sa disparition a été un séisme dans ma vie quand c’est arrivé, aujourd’hui je le vis comme un moment-clé de mon évolution personnelle.
Je ne serais très certainement pas la personne que je suis devenue sans son départ.
Il est bien probable que peut-être je ne serais pas là en train de t’écrire.
Alors, dans toute situation il y a des choses positives, négatives. Le verre à moitié vide, à moitié plein. Mais certainement l’occasion d’apprendre et de grandir.
Mais alors pourquoi parler de ça si cet anniversaire ne résonne pas tant que ça dans ma vie ?
Et bien, parce-que le Covid est là ?
Et cela fait maintenant plusieurs semaines que je vois des amis et des membres de ma famille perdre un être cher très brutalement.
C’est terrible.
? Pensées très spéciales aujourd’hui en particulier à ces femmes de mon entourage qui ont perdu leur père. Et il y en a.
Avec parfois cette distance horrible et insurmontable qui sépare. La mer entre les continents et les îles.
Alors, aujourd’hui, avec toute l’amitié et la compassion que je peux avoir face à cette situation ; certainement pas en donneuse de leçon, j’aimerais quand même te partager trois éléments qui, moi, m’ont aidés lorsque j’ai perdu mon père.
Chaque histoire est personnelle. Chaque relation est unique.
Ceci est juste un élément de partage qui peut-être t’inspirera un peu si c’est une situation que tu vis de près ou de loin. Ou qui peut-être pourra t’aider à aider d’autres confrontés à cette situation dramatique.
Cette situation dramatique, d’ailleurs, nommons-la : la mort.
C’est étrange comme on l’évite, on ne veut pas l’approcher. Alors que c’est son absence qui donne tout l’éclat aujourd’hui à notre vie.
La mort, la vie, sont les faces diffférentes d’une même pièce, nous le savons.
Alors, à 23 ans, lorsque j’ai perdu brutalement mon père, je dirais que trois choses m’ont aidées :Lire un poèmeEcrire à mon pèrePartir seule à l’aventure
#1 | Lire un poème
Mon père aimait la poésie. Petite, il me lisait souvent les poèmes de Lamartine. Et j’avais appris par cœur le fameux Si de Rudyard Kipling.
A son départ, je me souviens, Anne, une amie, m’avait partagé quelques poèmes. Celui-ci m’avait apporté un grand réconfort.
Il me semble que parfois, la poésie permet de toucher quelque chose, quelque part, qui nous dépasse.
En voici celui que je connais, écrit par une Carmélite, Sœur Marie du Saint-Esprit.
Que tu sois croyant.e ou pas, lis-le avec juste une ouverture du coeur.
UN GRAND AMOUR M’ATTEND
Ce qui se passera de l’autre côté
quand tout pour moi
aura basculé dans l’éternité…
Je ne le sais pas !
Je crois, je crois seulement
qu’un grand amour m’attend.
Je sais pourtant qu’alors, pauvre et dépouillé,
je laisserai Dieu peser le poids de ma vie,
mais ne pensez pas que je désespère…
Non, je crois, je crois tellement
qu’un grand amour m’attend.
Si je meurs, ne pleurez pas,
c’est un amour qui me prend paisiblement.
Si j’ai peur… et pourquoi pas ?
Rappelez-moi souvent, simplement,
qu’un grand amour m’attend.
Mon Rédempteur va m’ouvrir la porte,
de la joie, de sa lumière.
Oui, Père, voici que je viens vers toi.
Comme un enfant, je viens me jeter dans ton amour,
ton amour qui m’attend.
#2 | Ecrire à mon père
Les vertus de l’écriture sont nombreuses. Je crois que le fait, à cette époque, d’avoir écrit à mon père tout ce que j’avais sur le cœur a été quelque chose qui m’a aidée.
Cela m’a permis d’inscrire le moment, d’inscrire mes émotions, d’inscrire ce que je ne voulais pas oublier, d’inscrire aussi mes espoirs et ma solitude.
D’une manière ou d’une autre, par l’écrit ou par tout autre mode d’expression, je crois qu’il est bon d’exprimer ce que l’on vit.
Libérer toute cette énergie.
La déposer quelque part.
Une fois qu’elle était déposée, je crois que j’ai pu continuer à avancer. Sans oublier, mais les choses étaient dites, synthétisées. Elles ont cessé de tourbillonner dans ma tête.
#3 | Partir seule, à l’aventure
L’été qui a suivi le départ de mon père, moi aussi j’ai vécu un nouveau départ.
Je suis allée marcher en Lozère pendant sept jours.
(et oui, oui, c’est moi sur la photo en 2008 ?)
J’avais une soif spirituelle.
Un désir de solitude.
Et la certitude que seule la nature pourrait me consoler.
Je suis allée marcher sac-au-dos avec des inconnus, dormir à la belle étoile, et me nourrir d’essentiel.
Et cette quête, cette aventure a duré dix ans.
Pendant dix ans, tous les étés, je suis allée marcher.
Cela m’a aidée.
Changer de contexte, plonger dans la nature, ne penser qu’à marcher, vivre dans mon corps et non pas dans ma tête.
Me connecter au Vivant. Et au plus Grand.
Et pouvoir sereinement penser parfois par fulgurances à mon père.
Alors voilà.
Comme je l’ai dit, toutes ces propositions ne sont que le fruit de mon histoire. Et j’oublie très certainement de nombreux essentiels comme les pensées et prières de mes proches et les mains tendues les plus inattendues.
Mais je voulais te proposer des actions qui partent de toi, si jamais tu es concerné.e.
Alors, treize ans plus tard ma relation avec mon père a évolué. Car je crois qu’au-delà de la mort on peut continuer à connecter avec nos défunts. Mais c’est une autre histoire.
Pour finir, si tu es confronté.e à la mort aujourd’hui, sache que j’ai là ici maintenant une grande pensée pour toi. Et tes proches. Amour. Consolation. Paix. Lumière ✨
Et si, comme moi, tu as la chance et la bénédiction de passer entre les gouttes de ces temps bien incertains, je t’invite à avoir deux pensées :une de gratitude d’être là avec une belle santé ; et une pensée pour les personnes de ton entourage qui vivent des temps plus durs.
Lots of Love.
And let’s pray together for our wonderful world.
XOXO
Oly