Le bonheur est dans le Lean
Il y a deux semaines, j’ai eu la chance de participer à une formation de Live Mentor pour apprendre à accompagner des entrepreneurs. J’ai pu ainsi faire la connaissance de cette belle tribu ainsi que des valeurs portées par Alexandre Dana. Franchement, c’était inspirant ! Inspirant de découvrir ce qui l’anime : aider des personnes à entreprendre et vivre de leur passion.
Sur le fond, j’ai aussi beaucoup appris, notamment des pépites que j’aimerais partager avec vous. Des pratiques qui peuvent servir à des Coach, des Mentors, des Formateurs, mais aussi à toute personne en posture de Management, ou qui cherche à développer son Leadership.
Ce que j’ai aimé aussi – et je crois que c’est le signe qu’une formation est vraiment réussie, c’est que je suis sortie de là avec de nombreuses questions passionnantes, dont une que je vous partage dans la troisième partie de cet article.
Attention, ça va être un peu dense, mais à l’image de cette formation !
1. Garder la maîtrise du temps est clé dans l’accompagnement
On le sait, le temps, c’est de l’argent.
En y réfléchissant, on le sait aussi, le temps est cette chose précieuse, unique, irremplaçable qui, au fond, n’a pas de prix.
Pourtant, on le sait peut-être moins, le temps est un allié précieux ; mais qu’il faut apprendre à maîtriser quand on parle d’accompagnement. J’oserais même dire qu’il s’agit d’un art.
Durant la formation, Alex a fait quelque chose d’assez remarquable. Il a repris les concepts du Lean Management pour proposer de les mettre en pratique dans le mentoring d’entrepreneurs. Métaphoriquement, je dirais qu’il a questionné des pratiques rondes avec des outils carrés. C’est fort.
Concrètement, si on regarde trois concepts temporels du Lean, on a :
- Les stagnation time
- Les touch time
- Les value-added time
Les stagnation time, ce sont tous ces moments de stagnation, quand on est dans une usine, où une pièce est en attente avant d’être montée sur une autre. Elle est laissée là en attente, en stagnation, rien ne se passe.
Si on fait le parallèle dans le mentoring, une stagnation time, c’est par exemple un moment où l’entrepreneur nous a posé une question, et nous n’avons pas encore pris le temps de lui répondre. Ou a contrario quand l’entrepreneur est censé revenir vers nous, mais il ne le fait pas. C’est quand zoom ne démarre pas, quand un rendez-vous calé doit être décalé ou encore quand on n’arrive pas à se connecter à internet alors qu’on a prévu un échange visio. Tous ces temps sont évidemment à réduire au maximum, et à anticiper en ayant, par exemple, un environnement de travail au top.
Les touch time, ce sont ces moments où, en usine, une pièce est manipulée (par exemple, on fait tourner une roue pour la placer dans la bonne position) mais où il n’y a pas de création de valeur à proprement parler (le schmilblick avancera vraiment quand on aura fait des trous dans la roue).
Si on fait le parallèle avec un accompagnement, une touch time, c’est par exemple ces moments où on fait connaissance, on découvre un contexte, on fait de la reformulation, on met à l’aise. Bref, on tourne gentiment autour du pot mais on n’avance pas vraiment sur les vrais sujets de fond. Bien sûr, ces temps sont nécessaires, mais l’enjeu est de réussir à les réduire au maximum, par exemple en ayant des questions percutantes, en ayant des compétences aiguisées, et une vraie posture de mentor – et non de pote. Comme dit Alex, « des potes l’entrepreneur en a pleins, il a besoin d’un mentor ».
Les value added time, ce sont enfin ces moments en usine où il y a une vraie création de valeur par rapport à l’avancement de la fabrication d’une pièce (par exemple, on lui fait des trous, ou on l’imbrique avec une autre pièce).
Dans le mentoring ou l’accompagnement, une value added-time c’est par exemple quand un entrepreneur passe à l’action, qu’il a un déclic, ou encore quand il a bien défini son persona. Bref, il avance dans ses prises de conscience et dans ses réalisations.
Pour conclure sur cette section, tout l’enjeu du mentor est donc de réduire les stagnation time + les touch time, et d’accélérer la multiplication des value added time. Penser ainsi est très novateur, car il ne s’agit plus de « se caler des points de rendez-vous », mais de faire tourner la roue pour créer du value added time le plus vite possible. Pas besoin d’attendre la date d’un rendez-vous pour progresser ! Ce qui compte c’est la dynamique d’ensemble.
2. Avoir une pratique délibérée pour développer une expertise
La pratique délibérée consiste à s’entrainer à de multiples reprises pour améliorer son geste technique. Tel un excellent joueur de tennis qui sait faire un excellent revers. Non seulement ce joueur de tennis sait exécuter ce geste technique, mais il sait aussi pourquoi il le fait excellemment. Ce n’est pas le fruit du hasard ni quelque chose d’inconscient.
La pratique délibérée a en effet cette dimension que l’on répète un geste plusieurs fois, mais avec une véritable conscience, une véritable présence, et une véritable intention. On décortique le mouvement pour comprendre si on le fait mal pourquoi, si on le fait bien pourquoi. Tout l’enjeu est de faire de sa compétence inconsciente une compétence consciente.
Et c’est cette compétence consciente qui permet de développer une expertise. Expertise qui, si l’on prend la définition de Benedict Carey consiste sur un sujet donné à :
- Avoir du vocabulaire : connaître la théorie
- Avoir des modèles mentaux : connaître l’enchainement des éléments entre eux
- Avoir des situations : avoir des exemples détaillés de situations vécues ou réelles
Pour conclure sur cette partie, on n’en a jamais fini d’apprendre ; et la connaissance approfondie d’un sujet se construit « brique par brique ». C’est intéressant de réfléchir avec ce prisme à ses pratiques d’accompagnement. Quand j’utilise tel outil ou telle méthode, qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce que j’ai besoin de checker, qu’est ce qui crée vraiment de la valeur ? Et de conscientiser l’ensemble de façon formelle, donc écrite.
3. Accompagner le projet ou accompagner la personne ?
Pour finir et faire une ouverture, j’aimerais reprendre ma casquette de Coach.
A un moment donné de la formation, on nous a demandé de dessiner ce que serait pour nous un accompagnement réussi.
Voici en toute simplicité le dessin que j’avais fait 🙂
Un bonhomme au milieu qui sourit et tout autour de lui tout se met en place : il y a de la performance, il y a des compétences techniques, il y a la vision d’aller plus loin voir grand à l’international, il y a des équipes, il des machines et des processus, il y a du bien-être.
Alex m’a dit : « C’est un accompagnement de la personne ! »
Il était un peu perplexe je crois, et moi aussi.
Mais en y réfléchissant a posteriori et en voyant les dessins des autres j’ai compris. Effectivement, j’étais peut-être plus sur un accompagnement de la personne (casquette de Coach oblige) que sur l’accompagnement d’un projet.
Mais c’est là que la question devient vraiment passionnante : peut-on vraiment dissocier les deux ? Peut-on accompagner le projet, sans accompagner le Leadership personnel et le Mindset de l’entrepreneur ? Et a contrario, peut-on Coacher l’entrepreneur sur ses valeurs, son alignement, son état d’esprit, sans mettre les mains dans le cambouis de lui expliquer concrètement comment il peut mettre en place, par exemple, une stratégie marketing et les outils qu’il peut utiliser pour le faire ?
Franchement, je crois que les deux sont hypers complémentaires, et l’entrepreneuse que je suis doublée de la Coach a pleinement conscience qu’il nous faut ici du « et ».
Ce sont deux énergies et compétences différentes, complémentaires. Ceci est donc à investiguer.
Conclusion
Je suis ressortie de cette formation en étant pleinement assurée du professionnalisme de Live Mentor. Et j’ai beaucoup aimé aussi la vision qui était portée avec passion ! Je ne peux que vous encourager à lire le livre très réussi aussi sur leur méthode.
Et pour ma part, je vous dirais la suite dans un prochain épisode puisque je vais me lancer dans le mentoring de quatre entrepreneurs durant les trois mois prochains !
#NeverStopLearning.