Le voyage initiatique : voyager pour se retrouver

A l’ère de la Mésopotamie, en -2600 av JC, a été écrit le récit de Gilgamesh. C’est le plus vieux récit imaginaire que l’on connaisse ! Il a été écrit sur des tablettes à l’aide d’une écriture cunéiforme.

L’épopée de Gilgamesh

C’est l’histoire d’un roi, Gilgamesh, qui est odieux et brutal avec son peuple, et qui s’octroie le droit de cuissage. Le peuple, maltraité et malheureux, demande alors aux dieux de l’aider et c’est la déesse Aruru qui le fait en créant le double sauvage de Gilgamesh : Enkidou. Lorsqu’ils se rencontrent, Gilgamesh et Enkidou combattent l’un contre l’autre, mais comme ce sont des doubles ayant des forces égales, il n’y a pas de vainqueur possible. Ils deviennent alors les meilleurs amis du monde. Cependant, un drame survient et Enkidou meurt. Gilgamesh se retrouve désemparé et décide d’aller à la recherche de la vie éternelle, auprès d’un homme dit immortel : Uta-Napishtim. Uta-Napisthim promet de lui révéler le secret de la vie éternelle s’il parvient à rester éveillé sept jours et sept nuits durant en écoutant le récit du Déluge. Malgré sa grande volonté, Gilgamesh s’endort. En se réveillant, il demande aux dieux :

« Pourquoi avoir mis dans mon cœur un désir que je ne peux pas assouvir ? »

La femme de Uta-Napisthim a pitié de Gilgamesh et celui-ci repart finalement avec une plante de jouvence éternelle : à défaut de vie éternelle, il a la jeunesse éternelle.

Gilgamesh part ravi, mais s’arrêtant au bord d’un fleuve pour se laver le visage, il dépose la plante quelques secondes auprès de lui. Quelques secondes qui suffisent pour que le serpent s’en empare définitivement. Le serpent qui mue et reste dans une éternelle jeunesse. Gilgamesh rentre dans son pays cependant transformé : il devient un roi sage.

La part d’ombre

Un élément que je trouve fascinant dans le personnage de Gilgamesh, c’est, dès le départ, sa part d’ombre. Comment peut-on être si violent, si mauvais, si enragé ? Qu’est-ce que cette part d’ombre, mise au grand soleil dans ce récit, et qui, pourtant, est tapie en chacun de nous aussi, quelque part ? Nous faisons tous avec cette part de nous, ce « côté obscur de notre force », mais dompter ces traits peut s’avérer nécessaire pour développer notre Leadership, et nous permettre d’être qui nous voulons vraiment être.

C’est ce que précise Tomas Chamorro-Premuzic dans un récent article de la Harvard Business Review. Selon son étude, il existe trois groupes de traits de personnalité à « dompter » qui nous mettent à l’écart des autres, nous poussent à la séduction ou nous font tomber dans la flatterie. (Liste des traits : https://www.hbrfrance.fr/content/uploads/2018/03/encadre.jpg)

Mais comment faire ? Peut-être lutter sans relâche, comme Gilgamesh « contre » son double ? Ou bien a contrario faire la paix avec soi-même, comme Gilgamesh « avec » son double ? Et puis, il y a aussi cette possibilité du voyage initiatique.

Le voyage initiatique

C’est au retour de son voyage que Gilgamesh devient un roi sage, après avoir combattu, perdu, cherché. Je crois que sa quête est comme la nôtre pour aller et trouver cette part d’étincelle enfouie en nous, et la faire briller. Et effectivement, cette quête est un voyage, long, peut-être même périlleux, entre nous et nous-mêmes, entre nous et les autres.

Dans la connaissance de soi et la recherche de notre propre mystère, j’aime beaucoup cette notion de « voyage » au sens aventureux du terme. Nous partons avec un désir, sans vraiment savoir où cela aboutira, et c’est ce voyage en lui-même qui, au final, nous transforme, par des voies qui ne nous sont pas connues par avance.

Autour de moi, je connais des personnes qui luttent avec leur passé, qui ont à pardonner ou à se pardonner. Je connais aussi des personnes courageuses qui regardent leur part d’ombre et se battent pour qu’elle ne prenne pas le dessus. Je n’ai certainement pas de formule toute faite pour faire basculer l’issue du combat – et encore, s’agit-il vraiment d’un combat ? – mais j’ai vraiment envie de vous inciter à ce grand voyage vers votre vrai vous, votre vous le plus resplendissant et authentique. Vers ce chemin qui vous apportera les réponses qui sont faites pour vous. Là encore, il n’y a pas de voyage organisé : il peut s’agir pour vous de partir vraiment en voyage dans un pays lointain, ou de rester là où vous êtes mais d’oser plonger en vous-mêmes, ou encore d’aller rencontrer quelqu’un qui marchera avec vous.

Il existe de nombreuses voies et j’ai envie d’ailleurs de terminer par la citation suivante de Georges Sand :

« L’esprit cherche, et c’est le cœur qui trouve. »