Qui est Ruth Bader Ginsburg, cette role model pop de 85 ans ?

Je n’avais jamais entendu parler de Ruth Bader Ginsburg avant de découvrir le documentaire sur sa vie et d’avoir l’opportunité d’animer pour Led By HER un débat à l’UGC Ciné Cité La Défense, à l’issue d’une des projections. J’ai alors découvert avec fascination l’histoire de cette femme de quatre-vingt cinq ans, héroïne atypique des temps modernes, qui a mis toutes ses compétences en matière de droit, au service de l’égalité hommes-femmes, aux Etats-Unis. Juge à la Cour Suprême, RBG s’est aujourd’hui hissée au rang de role model pop, surtout auprès des jeunes qui voient en elle une icône anti-Trump, luttant avec détermination pour l’égalité et l’inclusion.

Mais comment Ruth Bader Ginsburg est-elle devenue « Notorious RBG » un role model pour la nouvelle génération ? Les ressorts de son parcours sont-ils le fait du destin ou bien le résultat d’une construction élaborée avec minutie ? Pourrions-nous, nous aussi, devenir demain des RBG ?

Leçon amoureuse : Ruth et Martin

Ce qui m’a frappé, et je dois dire particulièrement touché avant tout dans l’histoire de Ruth, c’est Martin. Cette femme a réussi et a pu exercer son métier dans les plus hautes sphères, avant tout parce qu’elle n’a pas fait cavalier seul. Ruth et Martin, cela a commencé par une histoire d’adolescents amoureux, cela s’est poursuivi par des épreuves traversées à deux, et cela s’est terminé toujours main dans la main, même au soir de la grande séparation. On perçoit entre eux tous les ingrédients qui font le sel d’un couple heureux : la complicité, la complémentarité, l’acceptation de la singularité de l’autre, l’encouragement à donner le meilleur de soi, l’entraide au milieu des combats quotidiens comme spectaculaires. Peut-être en un seul mot : l’amour. C’est un couple où semble régner la confiance et où chacun existe avec ses qualités et ses aspérités : Ruth avec son grand sérieux, Martin avec son grand humour. Et cela fonctionne, pour leur grand bonheur à eux, mais aussi celui de ceux qui les entourent : familles, amis, sociétés. Il y a la réussite de Ruth, mais il y a aussi la réussite d’un couple visiblement heureux.

La botte secrète de « Notorious RBG » ne serait-elle pas Martin ? La réussite ne tient-elle pas simplement à aimer et être aimé ? Et face aux autres, publiquement, n’étaient-ils pas tellement plus forts à deux ?

Leçon féminine : du caractère à l’habit

Que ce soit sur le fonds ou sur la forme, RBG est une femme qui a du style. Sur le fonds, on sait d’elle qu’elle ne se met jamais en colère face à quelqu’un. Elle reste toujours dans une certaine retenue même dans une situation inconfortable, et peut décocher un trait d’espièglerie à qui veut trop se frotter. Mais elle garde beaucoup d’humilité, qualité qui, liée à sa grâce naturelle et à sa finesse, font resplendir une douce féminité. 

Si on se tourne vers l’habit, même si on dit de celui-ci qu’il ne fait pas le moine, il participe pleinement de la fonction de Ruth Bader Ginsburg, Juge à la Cour Suprême des Etats-Unis. Et un détail qui fait peut-être toute la différence, c’est le soin qu’elle met à choisir une collerette spéciale en fonction des situations auxquelles elle est confrontée. La collerette, en elle-même, est déjà un emblème féminin sur un habit pensé au départ pour les hommes. Et choisir une couleur, une forme, un dessin de collerette en fonction des impératifs de la journée, c’est donner du sens à cet habit, s’en faire un bouclier de guerrière, à l’aventurière qu’elle est.

La féminité autant dans l’habit que dans le caractère ne serait-elle pas une qualité qui fait de RBG une héroïne si attachante ? Comme un personnage de fiction avec ses traits et ses codes, ne lui donnerait-elle pas plus de majesté ? A une époque où Wonderwoman crève l’écran être simplement et pleinement femme ne serait-il pas une des clés pour marquer l’histoire ? 

Leçon artistique : la passion pour l’opéra

RBG est passionnée par l’opéra. On la voit sur son fauteuil de spectatrice, totalement plongée dans l’univers qui s’offre à elle. Elle regrette bien de ne pas avoir le talent de chanter, mais elle sait savourer chaque minute qu’elle vit dans le monde artistique. Cette passion pour l’opéra, et son intérêt pour l’art de façon plus large, est son espace de ressourcement. Quand elle est là, elle respire, et elle oublie tout. Avoir un espace de ressourcement total semble être une des clés pour pouvoir poursuivre, à coté, un travail intense et de qualité.

Cet intérêt pour l’univers artistique montre peut-être aussi l’importance d’une interdisciplinarité qui permet de développer sa culture, son ouverture d’esprit, et sa créativité.

RBG aurait-elle eu ces traits de génie qui lui ont permis de gagner toutes batailles juridiques, si elle ne s’était pas intéressée à l’univers artistique ? Une vie engagée ne nécessiterait-elle pas de puiser son souffle dans une passion qui ressource ? Nous aimons la femme combative chez RBG, mais le serait-elle autant si elle n’avait pas la larme à l’œil et le cœur ouvert à chaque soir de premières ? 

Il y aurait encore tant à dire sur cette grande dame, et tant d’autres aspects qui font peut-être aussi son succès : sa forte capacité de travail, son désintérêt total pour les small talks, son entrainement sportif quotidien, son solide socle familial,… mais je m’arrêterais là.

J’espère vous avoir donné envie de découvrir cette personnalité atypique, et surtout, peut-être vous avoir donné envie de cultiver en vous les graines qui font votre singularité propre – et qui réveilleront peut-être la RBG en vous ! – : cet élan d’amour vers les autres, cette part de féminité ou de masculinité, et cet appel vers votre talent artistique. Je serais heureuse de lire vos différentes analyses sur cette femme incroyable et ce très bon documentaire.